Pour faire grandir ses chenilles destinées à l’alimentation des caméléons, la société LepidUP récupère la vapeur émise par les fers de la Repasserie Ozange.net.
Voilà une histoire aussi belle qu’incroyable. Elle commence en février dernier, dans les locaux de la Repasserie Ozange.net, une structure d’insertion située route d’Abbeville. Ce jour-là, la directrice du site, Sabine Verhaegen, décide de faire visiter les locaux de sa société aux futurs entrepreneurs de l’incubateur Amiens cluster, dont elle est marraine. Parmi eux : trois créateurs d’entreprise étrangement intéressés par la vapeur sortant des fers de la Repasserie. « Une chaleur humide : c’est tout ce dont nous avions besoin », sourit Boris Mirvaux, qui souhaitait alors lancer, avec Vianney Patratdelon et Albert Nguyen Van Nhien, un élevage de chenilles destinées à l’alimentation des reptiles.
« Ils voulaient absolument s’installer au-dessus de la Repasserie, ils étaient déterminés, cela avait du sens », se souvient Sabine Verhaegen. Et leur volonté a payé. En mai dernier, les trois créateurs de l’entreprise LedipUP ont pu emménager au premier étage du bâtiment. Ils ont créé une pièce parfaitement isolée, raccordée à l’extracteur de la Repasserie, pour accueillir leurs petites bêtes, des bébés Bombyx eri. Les premières dizaines sont arrivées au début de l’été. Depuis, ces chenilles mesurant à peine quelques millimètres ont bien grandi. Nourries uniquement aux feuilles de troène, de laurier palme ou de lilas (lire aussi par ailleurs), elles ont atteint les cinq centimètres. Après un passage dans leur cocon, elles sont devenues papillons et ont pondu des œufs. Entre 100 et 200 par ponte.
Cinq mois plus tard, l’élevage compte en moyenne près de 4 000 spécimens. Vendues 60 centimes pièce, ces chenilles quittent le nid au gré des commandes. « Nous en expédions en France, mais aussi dans des pays proches. Le transfert se fait en livraison express car, même avec la nourriture que nous leur laissons, elles ne peuvent pas tenir plus de 2-3 jours dans leur boîte », explique Boris Mirvaux.